L’attente

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Une photographie vaut mille mots.  Tout se joue lors d’une prise de vue.

Plusieurs personnages d’un autre âge presque se côtoient, s’observent. 

Si l’on pouvait faire parler les murs, ils nous raconteraient ce que les oreilles ne peuvent entendre, ce que les yeux ne peuvent voir.

Les teintes ocres comme abasourdies par le soleil de plomb m’ont interpellées.

L’ambiance inerte de l’ensemble est saisissante. La ruelle est déserte. On ne perçoit ni un souffle ni un filet d’air. Le temps semble  figé.

La façade vétuste de la maison, son balcon, sa rambarde rouillée, ses rideaux désuets, les portes avec cette peinture écaillée, l’enduit parti donnent un climat étrange. 

Trois éléments vivants contrastent cette atmosphère vide de ce paysage fantôme.

Ainsi, une note bleue laisse respirer le regard en apercevant le ciel. Les branches de l’arbuste touffu et la plante qui s’est frayée un chemin entre les failles au sol apportent la note végétale.

Enfin, il y a ce chat. Il est seul. Assis. Il se fond dans le décor. Camouflé. Il guette. Il est au premier plan. Il fait partie intégrante du lieu.

L’ocre clair règne en maître. Le pelage de l’animal semble se confondre avec les teintes des murs de la maison lui faisant face. 

Impassible.

 

 

5 août 2011

© Charlotte Mazalérat

 

 

 

 

 

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Charlotte | Bokeh Me Not

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Les couleurs du Quai Voltaire

A peine passé le seuil de la porte, le temps est suspendu. Un monde s’ouvre à vous,  celui des couleurs, des pigments sous toutes leurs formes, apparences et consistances : en pâtes, liquide, en poudre, solide, en copeaux, en carrés, en pots, en godets. Un parfum enivre le lieu. Il est caractéristique, plaisant. Un mélange de fragrances boisées se confond avec celles des huiles et un soupçon de térébenthine. L’ensemble fait penser au parfum singulier de la cire avec laquelle le temps patine les créations. Continuer la lecture

Autrenoir

Chers lecteurs,

Ce qui est génial dans la musique est cette découverte permanente d’ambiances à porter d’oreilles. Autrenoir n’échappe pas à cette observation. Il est la confrontation de deux mondes aux influences complémentaires, celui de Paul Régimbeau, connu pour ses albums de techno cinématographique sous Mondkopf et Greg Buffier, musicien aux inspirations métal / post-hardcore, il participe au duo ambiant Saåad (Hands in the dark).   

Autrenoir  s’apparente pour moi à une expérience à plusieurs entrées, pas uniquement sonore donc. En effet, leur univers est une expérience cognitive, sensorielle de la matière des sons plus que de la musique.

Il est monochrome mais pas monotone. Avant même de prendre le temps d’écouter, l’expérience de la couleur domine. L’intitulé aurait pu être Autrejaune, Autrerouge, Autreorange..  La différence aurait été l’ambiance du paysage. D’un tissu urbain ciselé, on serait passé à une tempête de sable ou bien un mirage. Le choix de la couleur finalement importe peu. La perception du panorama de sons reste translucide.

Puis vient l’écoute. La couleur noire semble vouloir à tout prix influencer  l’auditeur. Dans l’inconscient occidental, cette teinte est une allusion à l’obscurité, à la tristesse. Or, dès que l’on écoute, ce n’est pas ce qui vient à l’esprit. En effet,  la teinte noire ne fait pas forcément référence à une variation triste, sombre. C’est en cela que le projet servi par leur créateurs,  est intéressant. Le projet est structuré, convaincant et accessible.  Il mêle ambiances drones à des rythmes directs, des phrases incisives, des cadence agressives à des sons électroniques. Le mélange fonctionne bien. L’auditeur est embarqué dans un rêve réel. On peut tout à fait s’imaginer être au coeur d’une ville imaginaire, invisible dont seul l’apparence serait palpable dans les reflets projetés sur une mer d’huile, calme, inerte presque. Cette complexité entre inertie et mouvement  est saisissante.  Continuer la lecture

La Maison du Pastel

Un dessin naît à partir d’une idée bien souvent sur une feuille de papier avec un ou plusieurs pigments.

Chers lecteurs, aujourd’hui, au fond d’une cour pavée en retrait de la rue se trouve un lieu unique dans lequel on se sent bien. Il n’est pas très grand mais abrite bien des trésors. A l’intérieur, on est comme un enfant gourmand dans une confiserie artisanale, chargée de secrets, chargée d’histoire.

Ce lieu n’est autre que la Maison du Pastel située au 20, rue Rambuteau à Paris.

Ce n’est pas là que sont fabriqués les bâtonnets, tous plus beaux les uns que les autres. C’est là qu’est le magasin. Des tiroirs de bois, des coffrets déclinent par teinte distincte une profusion de couleurs aux noms évocateurs. La collection compte aujourd’hui 1200 teintes.

Le pastel ? Cette matière est bien connue des artistes-peintres. On peut en distinguer deux sortes. Ceux à base d’huile, j’y reviendrai à un autre moment et ceux à base d’eau. C’est de ceux-là dont il s’agit.

Le pastel sec n’est autre que de la poudre de pigment confectionné en bâtonnets.

L’histoire de cette Maison remonte à 1720 et fait de cette institution la plus ancienne maison de fabrication artisanale de pastels au monde. Les pastels Roché doivent leur nom à Henri Roché, pharmacien-chimiste qui a élaboré une recette de fabrication. Cette recette secrète est transmise de génération en génération. Isabelle Roché, issue de la quatrième génération perpétue le savoir-faire ancestral et applique les mêmes procédés aujourd’hui. Chaque gamme est confectionnée, façonnée à la main.

Certains pigments évoluent dans le temps tenant compte de leurs origines végétales, minérales, des dosages, du temps de séchage. 

Ce lieu est unique. Tout est en bois.

Les teintes sont comme des notes de musique. Elles sont classées par gammes. Chaque teinte est dégradée en neuf nuances, de la plus foncée à la plus claire. L’écart d’un ton est subtil et confère à l’ensemble une harmonie. Ce n’est qu’à un pas de danse de la musique. 

Le pastel sec Roché est fascinant. En effet, avant même de le toucher, de l’utiliser, le regarder simplement est déjà une façon de se l’approprier. C’est un peu le même phénomène lorsque vous entrez chez un maître chocolatier. Tout vous fait envie. Ce n’est pas simple de choisir parmi les assortiments.  Vous pouvez y rester un long moment. 

L’aspect du pastel en lui-même est à la fois doux au touché, poudreux, vivant, éthéré, délicat, solide, léger, pur. Chaque couleur est vivante, vibrante. La luminosité est incroyable. Magique. Chacune couleur est exceptionnelle, unique. Les teintes captent à la fois très bien la lumière et la magnifie lorsque la poudre de pigment épouse, accroche le grain du papier.

Au delà de dessiner, on tient au creux de la paume de la main, des bâtonnets de poésie en poudre qui ne demandent qu’à s’exprimer à voix haute. 

 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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Blanc

De l’autre côté du spectre, à l’inverse voire à l’opposé de la couleur noire dont j’évoque la singularité ici , la couleur blanche s’obtient en superposant la lumière des trois couleurs primaires : Magenta, Cyan et Jaune.

Fixe, clinique, nacré, opalin, cassé, de craie, de neige, de marbre, de plomb, de titane, de zinc, d’argent, de lait, de Rouen, de Meudon, de Troyes. Lunaire, le blanc ou  la teinte blanche est une couleur fascinante autant par sa légèreté que sa plénitude, par sa rigueur que sa douceur.

Il inspire la méfiance, le respect. Il évoque la fragilité, la pureté. Il est élégant à sa manière.

Dans les cultures orientales, asiatique, le blanc prend une autre dimension, et symbolise la tristesse, le deuil.

Il peut être instable, souple, froid, glacial, maladif, chaud, design, incommodant. C’est une teinte exigeante qui n’autorise pas l’approximatif.

En peinture, ce pigment est placé à part sur la palette assez généreusement car souvent les peintres ont toujours peur d’en manquer. Il est souvent utilisé pour atténuer la valeur d’un autre pigment utilisé pur ou pour être mélangé à deux autres et créer ainsi une nouvelle couleur. Il apporte ainsi une transparence, un aplomb. S’il est trop fortement dosé, il étouffe presque la teinte qu’il souhaitait apaiser. Il peut être utiliser pur en quantité généreuse ou infinitésimale, c’est selon. En aquarelle: une seule variété de blanc existe. Il s’agit d’un blanc de Chine. Continuer la lecture

Magenta

On le dit Anglais, de Bourgogne, Bismarck, cardinal. Il peut être de Mars, de feu, de sang, de passion, de bonheur.

Il est tantôt amarante, bordeaux, brique, cerise, corail. Il lui arrive de virer à l’écarlate, façon fraise écrasée mais pas encore cramoisie. Il se pare de fushia ou de grenadine, en s’élevant d’un ton, il vire au prune, associé au pourpre, on obtient le grenat, incarnat, l’incarnadin, voire le nacarat. Plus fantaisiste il passe-velours, façon terracota. Soudain il tend au rose vif. Continuer la lecture

Cyan

D’une exploration abyssale, au détour des ruelles, il invite aux voyages. L’imaginaire prend le relais et d’un coup est aspiré au cœur de motifs irréels.

Selon les envies, il est tour à tour pastel de Guède, acide, électrique ou roi. Il emprunte des allures précieuses du lapis-lazuli, voire à celles du saphir ou de certains topazes. Continuer la lecture