À quoi rêvent les arbres lorsque leurs racines dorment ?

Telle une goutte d’eau posée sur une bulle de savon. Le jour sourit même s’il fait gris même sous la pluie. Le temps est suspendu aux accords. En équilibre, le murmure du vent passe. L’atmosphère presque plaintive donne à ces phrases une ampleur solide. La nuance se distingue à peine.

Le temps n’a pas de prise. Au contraire. L’espace est grand, l’air circule. La fenêtre est grande ouverte. Le son et l’art de la musique se reflètent. On perçoit la musicalité cristalline d’un miroir d’eau.

Écrire c’est comme contempler la nature. Un rien égaye votre curiosité.

Son jeu au piano est éternel. Il s’associe aux grands paysages où seules les cordes frappées se retrouvent au cœur de la forêt. À quoi rêvent les arbres lorsque leurs racines dorment ?

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Unisson

Le temps est ample, le temps s’étire, le temps est précieux. Au loin, la dorsale se forme, le front prend de l’ampleur, la lumière s’éteint, le soleil s’efface, la pluie s’intensifie, l’orage gronde, les animaux se cachent. Les éléments se déchaînent. 

À l’image d’un paysage qui se déploie devant vos yeux, à la façon d’un road-movie, une intrigante beauté éblouit vos oreilles.

Les coups de cœur musicaux donnent l’impression qu’il n’y a rien d’autre de plus beau. Il n’en est rien. L’appréciation pour un répertoire ou pour un autre dépend d’une alchimie complexe. Tout est question de fréquences. On est connecté à un moment donné sur une palette d’accords, une amplitude de tonalités. L’écoute attentive précède celle qui est addictive.

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Envolée inattendue

Son jeu se retrouve plus largement dans les répertoires du blues jusqu’aux différents territoires du jazz en passant par la musique expérimentale, la musique contemporaine, l’ambient, le trip-hop. Il n’est pas rare qu’un saxophone rejoigne le temps d’un concert une formation expérimentale, voire postrock; ce dernier apportant un accent, une nuance, une extravagance.

Pourquoi vouloir à tout prix catégoriser un instrument de musique à un genre ou à un répertoire musical en particulier ?

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L’ours endormi

Blotti pour se protéger du froid et des affres de l’hiver, de la folie des hommes aussi; l’ours endormi est à l’abri au fond de sa tanière.

Leurs riffs à l’écoute nous font sentir vivants et heureux. Pourtant ce sont d’autres réalités qui se confrontent qui se confondent de part et d’autres des frontières.   Continuer la lecture

De l’essence à la quintessence sonore

Comment une âme pourrait-elle résonner ? 
Qu’ils soient à cordes frappées, à cordes frottées, à cordes pincées, ou bien à vent, quel point commun y a-t-il entre une basse, un basson, une cithare, une clarinette, un clavecin, une contrebasse, un didgeridoo, une flûte, une guimbarde, une guitare acoustique, une guitare électrique, une harpe, un hautbois, une mandoline, un piano, un ukulélé, un violon, un violoncelle pour ne citer qu’eux ?

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Pause

Au gré des concerts, des écoutes aussi bien pour son projet personnel que pour son groupe Echo Says Echo, le fondateur du groupe, Alain D, dit Voyt est est l’âme pensante, créative des compositions, qui au fil du temps ont donné la signature sonore au groupe. 

Cela fait un moment que le quatuor parisien réfléchissait à créer un album. La communauté de fans dont je fais assurément partie a suivi leurs réflexions. La formation étonne, interpelle. Cet album était attendu.  Pause. Pause est le temps de quatre silences ou de huit demi-soupirs sur une portée musicale. L’illustration de l’album est d’ailleurs un clin d’œil au bouton « pause » avec ces deux bandes verticales, identifiables sur tous les appareils diffusant du son, permettant d’écouter de la musique.

Je reprends ainsi la plume après un arrêt sur image de plusieurs semaines, non pas par faute d’idées ni par manque d’envie mais plus par faute de temps disponible pour faire danser les mots, le temps libérateur de se poser pour l’écriture.

Les écouter est chaque fois une expérience particulière, immersive. Dès les premiers accords, on reconnaît bien le style d’Echo Says Echo dont un billet sur Bokeh Me Not présente déjà l’univers ici.

Au bord du monde, plusieurs atmosphères se fondent, se confondent. Pause propose cinq morceaux qui vous prennent et ne laissent pas les connaisseurs du genre indifférents.

Je ne saurai vous dire le nombre d’écoutes. Continuer la lecture

La tige de la fleur de lotus

Il n’y a pas si longtemps, c’était l’équinoxe, la durée du jour égale à celle de la nuit. Cette étape annonce la venue de l’automne. Cette saison est particulière, la durée de l’ensoleillement diminue jusqu’au solstice d’hiver. Elle se fait remarquer par la descente de la sève vers les racines dans le monde végétal. Les arbres voient leurs feuillages passer des teintes  chlorophylles  à toutes les nuances de jaunes, d’ocres, de carmins.

Cette saison est un temps d’introspection profond, les grands et petits animaux se mettent à l’abri dans  le creux des arbres, dans les cavités rocheuses, dans les tanières sous la terre et se mettent en pause. Continuer la lecture

Derrière les gouttes d’ombre

Tel un feu qui crépite, les braises noires écarlates éclairent la brillance de la nuit. Grave et beau, ténu et rond, on se voit dévaler à toutes enjambées les pentes de poussières pour enfin se poser, calmement, tranquillement et admirer la beauté cristalline de la canopée.

Une ligne sonore chaleureuse se dessine, en filigrane, elle est votre repère. Vous n’êtes pas perdu. Chaque note, chaque accord se lie à un autre pour affirmer une idée musicale.

Chers lecteurs, j’étais partie pour vous présenter un seul morceau.  » Positive Shadow, Negative Light « .  Pris à part, je ne saurai vous compter le nombre d’écoutes. Il s’apparente à une oeuvre cinématographique composée en noir et blanc, tel un road-movie nocturne. Ce morceau à lui seul est trépidant.

 

Positive Shadow, Negative Light (Official Music Video)

Cependant, je ne peux pas m’arrêter à ce seul morceau. C’est l’ensemble que je vous présente tellement l’écriture sonore mérite d’être vue, tellement la vision de ces paysages mérite d’être entendue. Continuer la lecture

Un autre rivage

Chers lecteurs, l’image précède le son. Le voyage est intérieur. Il est introspectif, expressif. Ce qui suit est un univers sonore à part. Il a été conçu comme une œuvre d’abord visuelle. C’est un soupir pas une complainte.

Les atmosphères se déroulent, se confondent,  la matière posée par superposition règne en maître. Continuer la lecture

Silencieusement vient la nuit

Ce qui nous sépare du monde végétal est le temps ou plutôt le tempo.

Le tempo est une valeur. Il est une unité qui désigne à la fois une durée et un mouvement.  Notre pouls est à lui seul un métronome. Impatient. Il active notre vie au rythme des secondes quand les plantes s’accordent sur la durée des jours et des nuits.

Avez-vous déjà entendu une fleur se déployer ? L’avez-vous déjà  vue ouvrir un à un ses pétales délicats ? Comment pouvons-nous percevoir le changement de leur apparence ? Le métabolisme d’une fleur est lent. Chaque modification si infime soit-elle n’est visible qu’en détournant notre regard.  Cet espace-temps nous permet d’apprécier leur évolution.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel est le lien entre la croissance d’une fleur et  l’univers sonore de ce qui va suivre ? 
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Équilibre

« Ocres du soir

le soleil offre à la lune

le ciel en partage. »

 

Chers lecteurs, en pleine fournaise, ici et là, la Terre suffoque. Nous autres cherchons l’ombre et quand bien même nous la trouvons, la fraîcheur est illusoire. 

Ce qui suit est une beauté envoûtante et nous fait oublier un temps l’atmosphère lourde, étouffante. 

La musique peut-elle être rafraîchissante ?

Ce temps de pause estival est bien souvent consacré au repos, aux escapades ailleurs. En cette période particulière, s’évader relève presque du défi.

D’autres voyages sont possibles.  Continuer la lecture

Le temps d’un soupir

« Le Printemps dans ma cabane,

absolument rien

absolument tout. » Issa

 

Chers lecteurs, cela fait un moment que je n’ai rien écrit ici. Cela fait un moment que je souhaite aborder ce qui va suivre. Parfois les idées sont là mais l’écriture et l’inspiration ne sont pas toujours accordées. L’inspiration s’apparente aux feuilles  de thé déposées au fond d’une théière qui exalteront leurs parfums grâce à la combinaison de deux éléments : la température de l’eau associée à la durée de l’infusion.

Nous sommes présentement dans un temps particulier. Il n’y a pas si longtemps encore, nous étions contraints de rester enfermés à domicile, assignés à résidence. Pendant cette période singulière, vous l’avez peut-être entendu, vécu, vu, ressenti ou peut-être pas ou peut-être avez-vous eu l’impression de le saisir.

Au delà du son, au delà de l’instant : à lui seul, il est à la fois un espace, un temps, une durée, un son, un rythme.

Il représente l’absence ou la présence. Il est plein, il est vide. Il est le début, il est la fin. Motus, il devient une promesse. Il est réel ou imaginaire. Il est heureux ou  douloureux, réconfortant ou pesant, apaisant ou dérangeant, perturbant ou bienveillant. Énigmatique. Insaisissable.

Il est cet ordre donné sur un ton abrupt, ferme, dit avec agacement parfois permettant de se faire entendre, se faire respecter, pour faire cesser un chahut, pour réclamer l’attention. Qui n’a pas un jour  entendu cette injonction ? 

Il est là, immuable, entier. Il est bref tel un préambule centralisant toute la concentration des tireurs masqués sur les pistes d’une salle d’armes avant que l’assaut ne soit donné, et que ne teintent le tranchant des lames de sabres, d’ épées ou de fleurets. Il est inodore, il est sonore. Il est rien, il est tout. Il est autant redouté que guetté. Il est pesant, il est bienfaisant. En avez-vous déjà vraiment fait l’expérience ? 

Soudain, un ange passe.

Lors d’autres circonstances, ne dit-on pas de lui qu’il est d’or ?

L’avez-vous déjà vu ? C’est de lui dont je vous parle depuis quelques lignes.

Il est expressif. Il fédère. Il rassemble. D’ailleurs lors des tournages liés à l’élaboration de navets ou de chefs d’œuvre dédiés au 7e art, le réalisateur le réclame, le clame pour séquencer les scènes, pour capter et focaliser l’attention  des équipes de techniciens, de figurants sur ce qui se joue, se dénoue comme si la collection de séquences dépendait de lui seul.  Silence.. on tourne !

En avez-vous fait vraiment l’expérience ? Loin du tintamarre des villes, les citadins  loin du tumulte quotidien le recherche,  en  s’accordant une pause  pensant le trouver à la campagne, le ressentir au bord de la mer, le visualiser à la montagne .

Tendez l’oreille. Vous entendrez moins de bruit. Vous trouverez la tranquillité, le repos, la sérénité. Est-ce vraiment cela ? Non. Bien sûr que non. Ecoutez-mieux, concentrez-vous.  Il y aura toujours le murmure du vent, le frémissement des feuilles des arbres, le clapotis des vagues, le chant des oiseaux, les rires des uns ou les pleurs des autres, le vrombissement d’un moteur d’auto, de moto, de bateau. Même dans la nuit noire à la campagne, le bois des meubles chantera,  en marchant sur la pointe des pieds, le crissement du parquet rompra cette absence de sons que vous pensiez un moment avoir perçue. Dehors, les oiseaux se sont tus. Pourtant, est-ce pour autant silencieux ? A peine perceptible à l’oreille humaine, le battement d’ailes d’un vol furtif d’une chauve-souris viendra contrer votre perception. Il y aura toujours un tintement si faible soit-il. 

"Soudain une ombre passe. Le vent. " Santoka Taneda

« Soudain une ombre passe. Le vent.  » Santoka Taneda

Quel peintre, quel photographe, quel écrivain n’a pas cherché à révéler sa présence ?

S’il était un paysage, lequel serait-il ? Serait-ce un terrain vague ? Serait-ce une étendue glacée sur l’un des pôles ? Serait-ce un désert de sable brûlant ? Serait-ce une mer d’huile, sans houle, sans vent ? Serait-ce le regard porté sur l’horizon à l’aube ou au crépuscule ? 

Fait-il alliance avec l’indifférence ou bien les non-dits ? 

On dit de lui qu’il peut secouer les consciences.

Il est redouté. Il est convoité. Il est précieux. Il est fuit.  Il s’apparente parfois à une gêne, à une  peur. Il peut être glacial. Il peut être heureux, secret même. Interdit. En accord avec soi-même, il est plénitude et permet de révéler la paix intérieure. Il ne fait pas dans l’à peu près  ni la demi-mesure. Il est un, il est rien, il est tout.

Lui, c’est le  Continuer la lecture

WhyOceans

Infinity & Beyond

 

Encore ces jours derniers il n’y avait pas un souffle à certains endroits, caniculaires à d’autres, cette chaleur compacte, étouffante donnait envie de se poser simplement au bord d’une rivière, sur les rives d’un lac, posé sur un caillou au bord de l’océan et écouter les clapotis de l’eau ou la folie d’un torrent d’altitude.

Le premier morceau ne contient ni guitare, ni batterie, ni basse. L’entrée en matière s’élabore avec juste un piano, un violon et un violoncelle doux. Puis retentit la musicalité des vagues annonçant le deuxième titre. De là, le groupe de Macau,  WhyOceans nous plonge doucement dans leur monde.

Cet album alterne les moments planants tels de doux rêves à d’autres légèrement plus expressifs, un brin décalés.

De temps à autre, les notes au piano insufflent une mélodie légère,  comme jouées sur la pointe des pieds et titillent l’oreille, en filigrane. C’est une ballade au gré de l’histoire. A d’autres moments, leur présence se veulent plus affirmées comme pour ancrer le mouvement.

Durant quelques petites minutes à peine  la voix chantée au quatrième morceau donne un autre accord. 

Puis, sur le cinquième morceau, aussi étonnant que cela puisse paraître dans ce style, la flûte traversière apparaît à la 39e minute. Cela apporte une dimension chaude, une autre envergure à l’histoire racontée. Cette amplitude ronde est particulièrement belle, puissante même.  

L’ensemble est relaxant, parfois à contre-courant des codes du postrock. Cette singularité donne toute l’ampleur, la dynamique et la beauté aux compositions. 

On aimerait que le dernier morceau jamais ne s’arrête. 

WhyOceans – Inmost Dens Of Emilie

01. Another Wind  : 00:00
02. Transparent People :  04:17
03. Inmost Dens Of Emilie – Part I : 14:37
04. Farewell To My Urban Life : 25:12
05. Chasing Palace : 32:34
06. Inmost Dens Of Emilie – Part II : 41:48

 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

Merci de ne pas utiliser le contenu de ce blog – textes et/ou photographies – sans ma permission et sans en indiquer la source https://bokehmenot.fr/

Au-dessus d’une mer grise et verte

Tout résonne  autour de vous. Vous comprenez assez vite que vous êtes sur une voie qui ne ressemble à aucune autre. Les parois de la roche brute d’une myriade de teintes se découvrent les unes après les autres, les aspérités et les orgues basaltiques se dessinent. Le tumulte des pigments vous fascine. Votre œil cherche à accrocher une surface familière. En vain.

Le sol brûlant vous chauffe la plante des pieds. Pris dans une course frénétique, la Nature vous souffle de suivre avec elle le tempo.

Vous êtes au cœur de la matière, ancré à la Terre. Une autre dimension vous envahit. Fasciné devant cette beauté sauvage. Ce pourrait être la savane, les gorges vertigineuses au milieu desquelles coulaient autrefois un sillon de lave. La roche érodée, abrasive tout autour vous absorbe complètement.

Les panaches de lave se déchaînent, les scories ponctuent invariablement le flux continue des sons. Tout est vivant. Autour de vous, sans que vous ne sachiez pourquoi,  le vent gronde. 

Vous êtes projeté dans un tout autre monde au dessus d’une mer grise et verte. Soudain, vous voilà hissé au-dessus de la canopée, camouflé dans votre abri sur la cime d’un attrapeur de lumière, un palmier aux grandes feuilles. 

Vous prenez le pouls de la forêt humide, immense, dense qui vous entoure.

Vaillant observateur.

La forêt s’étend à perte de vue.

Quel arbre regarder. Comment se repérer devant autant de disparités et de similitudes ? De quelle essence est cet arbre, et cet autre ? Les sons de la nature, le cliquetis, le flux des sources chaudes vous enveloppent. Au loin, vous sentez monter le parfum des sous-bois.

A pas de velours, une horde d’animaux sauvages, bat en retraite . De votre plateforme d’observation, vous entendez, scrutez, percevez le moindre son. 

Leurs pas lourds, affirmés vous questionnent. Tout résonne. Tout bourdonne. Que se passe-t-il ? D’où ce son si caractéristique peut-il venir ? Serait-ce un essaim d’abeilles qui viendrait prendre possession d’un exquis parfum au cœur des ramures de votre arbre-palmier ?

L’expérience qui suit est sensorielle. Écoutez avec vos yeux. Sentez avec vos oreilles. Vous voyez. Il se rapproche. Qui donc ?

Un territoire expérimental à souhait vous accueille à bras ouverts. Il se peut que vous soyez dérouté. Cela fait un moment que je souhaite vous faire découvrir son univers, hors du commun, tellement il fait sens pour moi.  La quête du rythme se poursuit. La résonance des couleurs progresse entraînant avec elle celles des harmoniques entêtantes, envoûtantes.  

Aujourd’hui, je vous parle de l’univers prolixe d’un saxophoniste basse, celui de Colin Stetson. Il est doté d’une habileté et d’un genre hors  norme défiant la créativité, la technicité. Il compose et interprète des mélodies d’un autre monde qui combinent une maîtrise de la technique de respiration circulaire avec un travail de percussion à valves et des vocalisations à anches, faisant une musique solo polyphonique aux influences variées.

J’adore son style, son répertoire, sa façon de jouer communicative. Je l’écoute depuis quelques années et chaque morceau dévoile une richesse infinie. 

Les premières secondes d’écoute pourront vous paraître perturbantes, disgracieuses, cacophoniques, déconcertantes, dérangeantes, irritantes.

Dès ce cap  passé, vous allez découvrir une palette sonore diversifiée. Laissez-vous bercer, vaciller.

Colin Stetson – In The Clinches

Colin Stetson – Judges

Colin Stetson — High Above A Grey Green Sea

Avec un seul et même instrument, à l’écoute, vous aurez l’impression d’entendre  au moins quatre pistes superposées. Pourtant, il n’y a aucun ajout, aucun recours à des pédales d’effets. C’est en cela que son univers sonore est surprenant, puissant et addictif. Colin Stetson explore et pousse les capacités de l’instrument à ses limites.

Comme les instrumentistes à vent, il utilise la technique de la respiration circulaire qui consiste à produire un son continu, sans interrompre la respiration. Autrement dit, cela revient à inspirer et expirer en même temps. 

Son approche est presque tribale, multi-phonique, multi-rythmique. Incroyable, saisissante. Intense.

Colin Stetson au saxophone barython – Spindrift 

En l’écoutant, on retrouve les signatures si particulières des univers noise, drone, minimaliste, post-rock, dark metal, électronique aussi. Tout  se confond.  C’est hyper brut et c’est hyper beau.

En tant que saxophoniste, sachant ce que cela induit et implique, l’écoute est fascinante.

Il se peut que vous ne ressortiez pas complètement indemne de cette expérience.

L’intériorité de son art enveloppe tout le corps, se répand. Plusieurs formes palpitantes répondent à des échos vibratoires, des tremblements, des gémissements. Ecouter Colin Stetson revient à s’aventurer sur des territoires nouveaux. C’est une connexion à la Nature originelle, brute tel un retour à la terre dans toute sa beauté, sa complexité, sa puissance.

Ecoute intégrale de son album : All This I Do For Glory 

1 – All This I Do For Glory
2 – Like Wolves On The Fold
3 – Between Water And Wind
4 – Spindrift
5 – In The Clinches
6 – The Lure Of The Mine

Colin Stetson s’impose comme un soliste fabuleux. Il est l’un de ces artistes qu’il faut voir et écouter en live pour apprécier l’étendue de son art et comprendre la technicité de la respiration et du souffle.

Chaque morceau semble rappeler comment une âme sonnerait si elle pouvait crier, comment une âme résonnerait si elle nous parlait  musique.

L’écouter en concert est une expérience unique. Ne manquez pas cette chance !

Charlotte | Bokeh Me Not

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She Keeps Bees

Comme souvent, une découverte artistique n’est jamais due au hasard. Cela tient  à peu de chose: un lien partagé, un article lu, une illustration sur une pochette de disque attirent votre oeil et vous voilà plonger de l’autre côté des coulisses avec l’envie d’en découvrir davantage.

La première fois que j’ai entendu leur nom, j’attendais sous une pluie battante pour aller écouter Ólöf Arnalds, une artiste islandaise. Devant moi, des personnes que je ne connaissais pas encore parlaient musique. Parmi les noms cités, un a retenu mon attention…  Que pouvait bien caché cette gardienne d’abeilles dans la traduction française ?  Continuer la lecture

Echo Says Echo

 

Imaginez progresser dans la pénombre d’une cité perdue à la seule lueur  d’une lune lointaine.  Sans savoir ce que vous allez  devenir ni même découvrir, vous avez   cette  conviction de savoir exactement où vous vous rendez.  

Vous êtes cet explorateur à la recherche d’une  communauté secrète, mystérieuse, méconnue.  

 

Des légendes  courent.  Vous ne savez pas si les mythes et les histoires parvenus jusqu’à vous sont fondés ni si cette cité  existe véritablement. Pourtant vous avez un trésor à leur apporter, à leur faire découvrir.

Cela fait un moment que je souhaite vous parler de ce groupe parisien. Je me souviens avoir découvert leur répertoire  en plein air, il y a deux ans. Dès l’écoute des premiers accords, j’ai  immédiatement accroché. Il y a comme cela des concerts qui retiennent votre attention. 

Les paysages inattendus et inconnus apparaissent. Ils vous font alors perdre vos repères. Vos sens sont chamboulés.   Il  n’y a plus un ici ou un là-bas.  Vous vous retrouvez plongé dans un monde aux aspérités chaotiques. Vous progressez en mi-surface. Vous ne savez pas exactement si vous marchez ou si vous flottez.

 

La lumière se fait de plus en plus rare. Vos seuls repères sont sonores, portés par l’écho des lieux.  Attentifs, vous n’écoutez plus de la même façon.  Vous ne pouvez plus rebrousser chemin. Vous êtes aspiré vers un monde qui vous est totalement inconnu.  Pourtant, au fur et à mesure de votre exploration, vous êtes émerveillés. 

La dimension sonore d’Echo Says Echo ressemble à cette atmosphère de ce monde si particulier qui vient à vous.

 

Echo Says Echo a cette faculté de vous inviter à un voyage surprenant dans un territoire inexploré. L’atmosphère musicale proposée inquiète et fascine. Leurs morceaux sont autant de  récits contés, sans paroles.  La formation est purement instrumentale.  Avec passion, le groupe vous embarque dans un monde fantastique, envoûtant, trépidant.  

Echo Says Echo est né en 2014 dans la tête de son fondateur, Alain D. , plus connu  sous son nom d’artiste « Voyt ». Il est bassiste. Musicien inspiré et créateur insatiable, il est à l’origine de plusieurs des compositions taillées avec minutie. Il déploie la même ferveur que celle d’un  mécanicien de haute précision qui cisèlerait une pièce complexe.    Continuer la lecture

Birds of Passage

Chers lecteurs,

Si le silence avait un son, ce pourrait être celui-ci. Si la lumière avait un visage, ce pourrait être son reflet. Si les couleurs portaient un parfum, ce pourrait être leur fragrance.  Ce serait comme tendre l’oreille afin de distinguer chaque tintement d’un murmure. Ce pourrait être la tonalité d’un flocon de neige ou celle d’ une perle de rosée, posée sur une bulle de savon.

 

Illustration by © Birds of Passage 

 

 

 

 

 

Auteur-compositeur-interprète, avec « Birds of Passage », Alicia Merz embarque ses auditeurs dans une aventure sonore secrète. Telle une méditation éveillée, les aurores australes dansent laissant planer la vision de l’infini.  Inspirée, l’artiste néo-zélandaise nous enveloppe dans un cocon à l’abri des tempêtes. Ses morceaux sont des merveilles, enroulés dans un écrin céleste et aérien.  Son univers est immersif, introspectif, captivant. Continuer la lecture

Autrenoir

Chers lecteurs,

Ce qui est génial dans la musique est cette découverte permanente d’ambiances à porter d’oreilles. Autrenoir n’échappe pas à cette observation. Il est la confrontation de deux mondes aux influences complémentaires, celui de Paul Régimbeau, connu pour ses albums de techno cinématographique sous Mondkopf et Greg Buffier, musicien aux inspirations métal / post-hardcore, il participe au duo ambiant Saåad (Hands in the dark).   

Autrenoir  s’apparente pour moi à une expérience à plusieurs entrées, pas uniquement sonore donc. En effet, leur univers est une expérience cognitive, sensorielle de la matière des sons plus que de la musique.

Il est monochrome mais pas monotone. Avant même de prendre le temps d’écouter, l’expérience de la couleur domine. L’intitulé aurait pu être Autrejaune, Autrerouge, Autreorange..  La différence aurait été l’ambiance du paysage. D’un tissu urbain ciselé, on serait passé à une tempête de sable ou bien un mirage. Le choix de la couleur finalement importe peu. La perception du panorama de sons reste translucide.

Puis vient l’écoute. La couleur noire semble vouloir à tout prix influencer  l’auditeur. Dans l’inconscient occidental, cette teinte est une allusion à l’obscurité, à la tristesse. Or, dès que l’on écoute, ce n’est pas ce qui vient à l’esprit. En effet,  la teinte noire ne fait pas forcément référence à une variation triste, sombre. C’est en cela que le projet servi par leur créateurs,  est intéressant. Le projet est structuré, convaincant et accessible.  Il mêle ambiances drones à des rythmes directs, des phrases incisives, des cadence agressives à des sons électroniques. Le mélange fonctionne bien. L’auditeur est embarqué dans un rêve réel. On peut tout à fait s’imaginer être au coeur d’une ville imaginaire, invisible dont seul l’apparence serait palpable dans les reflets projetés sur une mer d’huile, calme, inerte presque. Cette complexité entre inertie et mouvement  est saisissante.  Continuer la lecture

Josin

 

Josin est auteur, compositrice et interprète germanique avec des origines coréennes. Pianiste, elle joue également de la basse. J’ai découvert sa musique  il y a près de sept ans complètement par hasard sur YouTube en écoutant un morceau intitulé Ho Boy, puis un autre Evaporation ainsi que From There. Ces morceaux ont été entre temps supprimés, puis réorchestrés avant d’être republiés sous le label suédois Dumont Dumont.

Ho Boy

Evaporation

From There a été réorchestré et republié le 25 janvier 2018

En Octobre 2015, elle assurait la  première partie d’un groupe qui passait au Café de la Danse. Je suis allée à ce concert uniquement pour l’entendre. C’est dire à quel point cette artiste a du talent et m’a émue. 

Son style est difficile à définir. Il oscille entre une atmosphère d’inspiration électro  éthérée et atmosphérique. Son timbre est d’apparence fragile. Les parties instrumentales, ses paroles, les mélodies se mettent en place progressivement. Son art s’apparente à celui d’un équilibriste avançant confiant, concentré en équilibre sur son fil avec ses rêves hors du monde. Lors de l’écoute, on a l’impression de naviguer dans des profondeurs d’une musicalité épurée, dépouillée, minérale, organique. Cette impression d’être tout juste au-dessous de la surface est agréable.  Les notes avancent lentement, tranquillement. En arrière plan, telles les teintes que l’on devine sous les traits de peinture d’un tableau,  l’atmosphère instrumentale se déploie sans que l’on s’en aperçoive vraiment. 

Feral Thing

Puis, son morceau Oceans Wait suggère une latence certaine mêlée à une immersion introspective. Envoûtant. 

Toutes ses compositions sont inspirantes. Josin est un phénomène qui charme les oreilles  qui se sont un jour posées sur ses premières notes.  Le reflet des rêves est réel.  Ses morceaux tintent tel un poème murmuré et vous enivrent totalement. Chaque écoute détecte une présence. L’ensemble apparemment simple est puissant. L’effet des sons s’amplifie, monte lentement, sûrement et vous n’avez rien vu venir. Vous êtes alors pris au piège avec tant de beauté qui soudain vous enivre. 

Son album Epilogue est en écoute intégrale :

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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Le crépuscule et l’aube

Parmi les instruments à vent dont beaucoup me plaisent pour leur sonorité, ce sera l’occasion d’y revenir à d’autres moments.  Un a une place à part. Il s’agit du saxophone. 

Comparé à d’autres, ce dernier est relativement récent. Peu de pièces ont été écrites pour lui. Cette particularité donne aux saxophonistes la possibilité de créer leur propre répertoire. Il en sera d’ailleurs question prochainement en vous présentant des morceaux et/ou des saxophonistes dont j’apprécie l’univers dans des styles et des expressions très différents. 

Pour l’heure,  je commence par le saxophone soprano et plus spécifiquement par une artiste. Le saxophone soprano a été beaucoup utilisé pour  les interprétations et jeux de jazz, jazz klezmer avec des influences plus orientales, blues ou des pièces plus contemporaines. 

Il est souvent confondu avec la clarinette. Pourtant, en orchestre dit classique, c’est rare d’avoir des saxophones soprani. Il est apprécié pour les compositions contemporaines. Il sonne en si bémol et possède la même tessiture que le hautbois. 

Jouer du saxophone soprano dans des oeuvres classiques ou bien du reste avec une approche classique, cela  sonnerait-il bien ?

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Dye By The Sword

Par des matins frisquets, la nature est encore assoupie.  La vapeur d’eau, au loin, danse au-dessus de l’étang. Un épais brouillard se fait presque comprendre ou peut-être, est-ce l’écho d’une avalanche qui gronde en contrebas ? La nuit noire vire au bleu profond, Vénus paraît encore brillante. La lueur orangée de l’aube s’éveille. Les doux rayons du soleil réchauffent à peine la voie humide. Nouveau jour.  Et vous, vous êtes peut-être encore entre sommeil et réveil sur le chemin du retour. Décalage. Les mains engourdies. Vous seriez bien resté(e)s blotti(e)s au chaud dans un pull sans doute trop grand, installé(e)s confortablement quelque part à l’intérieur du refuge perdu dans les immensités, debout le nez collé derrière la vitre, avec une grande tasse qui vous brûle les paumes.

Dehors, l’atmosphère est paisible. Vous prêtez l’oreille. Le vent s’est levé, la poussière de cendres effleure vos chaussures. Une musique retient votre attention. Elle vient de loin.  Il s’agit de l’univers d’un trio canadien, Dye by the Sword, originaire de Montréal, Québec.  Vous perdez presque vos repères. Vous ne savez plus si vous êtes encore plongé dans votre rêve ou si vous imaginez la prochaine intrigue de votre saga dont vous avez, à peine, commencé la lecture.  

Lanterns, leur album précédent sorti en 2015 proposait un univers entre chien et loup, une ambiance presque assourdie.

Bats, leur nouvel album publié le 13 octobre 2017 quant à lui résonne d’une autre manière. Dès les premières secondes d’écoute, le trio a la faculté de vous porter dans une balade sinueuse et hypnotique. Cela pourrait-il ressembler à une bande sonore d’un film ? Peut-être. En tout cas, sur la piste, le sable de jais prend des teintes brillantes. Vous progressez tranquillement écoutant attentivement. Dehors, la nature se réveille. La brume se dissipe lentement. L’atmosphère ambiante évolue. La guitare prend un autre virage et on se laisse porter dans un univers autre. Chaque morceau évoque des vues minérales. De temps à autre, le fond sonore fait entendre des voix lointaines.  Chaque morceau révèle un paysage minéral intense. Le tempo est lent et régulier. L’écoute est posée, cathartique. L’ensemble est onirique. L’intensité grandit. La cadence s’accélère comme les battements du cœur, tels des sons constants qui vous tiennent éveillé. Puis plus rien. Soupirs. Le silence presque éclate. Le fil des légendes se déroule. Tout s’accélère. Vertiges. La ligne de basse laisse place aux guitares.

Soudain, tout vacille. La structure s’ébranle. Vous ne savez plus si ce sont les vertiges qui prennent le dessus. Vous ne savez plus si vous marchez vraiment ou si vous êtes encore en plein rêve appréhendant l’image suivante. Peut-être est-ce un mélange de plusieurs univers ? Le voyage est doux, profond et trépidant.

Les collines se parent d’autres teintes. Du début à la fin, le décor est fort, déchirant presque. Allez-vous braver la tempête? Les éléments s’en mêlent. La pluie froide et drue vous claque le visage. La luminosité prend d’autres allures. Les ombres des nuages vous jouent des tours. Tout s’éteint. Mirages. Modulation. L’apaisement revient. La mélopée joyeuse en filigrane est toujours bien présente à qui sait prêter l’oreille.  Métamorphose. Tout se renouvelle.

Charlotte | Bokeh Me Not

Merci de ne pas utiliser le contenu de ce blog – textes et/ou photographies – sans ma permission et sans en indiquer la source https://bokehmenot.fr/

 

Hammock

Chers lecteurs, 

Parmi mes belles découvertes cette année, il y a ce duo de Nashville Tennessee,  « Hammock ». J’aime beaucoup ce que ce groupe propose. Leur musique est à la fois profonde, belle, envoûtante, puissante. Leur musique  résonne  à l’infini. 

L’écoute de ce groupe vibre de façon particulière et évoque bien des promesses. Les morceaux peuvent parfois paraître sombres presque comme une brume d’une estampe peinte à l’encre. Pourtant ils ne sont pas tristes. L’émotion perçue est grande empreinte de mystères, de luminescence. 

L’univers d’Hammock est comme une éloge de l’ombre douce, de ce qui reste en suspens. Restons attentifs à ces notes, à ces instants, le regard tourné vers la mer, assis à même le sable ou à même les galets sur une plage au détour d’une crique, les pensées rivées sur l’horizon, absorbées par tant de beauté. Et déjà le soleil au couchant nous fascine avec ses formes, ses couleurs nous entraînant vers une émotion paisible, forte, immense, belle. 

 

Une multitude de morceaux magnifiques à écouter sur le compte Spotify d’Hammock : 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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Carpe Lumen

Il y a six ans, j’ai découvert le fabuleux répertoire de ce pianiste américain. Cette heureuse découverte fût possible  grâce au visionnage tout à fait par hasard d’une vidéo dédiée au Speed Riding autrement dit une discipline mêlant ski et parapente. Le fond sonore utilisé n’est autre qu’un des morceaux composé par Elijah Bossenbroek intitulé « I Give Up » et illustre parfaitement cette impression de liberté. 

Ce court-métrage est un chef-d’œuvre, une invitation à un rêve éveillé, magnifiquement filmé, étonnant à tout points de vue.

Grâce à cette descente au fil des ascendances sur les pentes des Alpes d’une part et à ma curiosité d’autre part, j’ai découvert l’univers musical d’un pianiste, originaire du Michigan.  Continuer la lecture

Immersion

Aujourd’hui, je vous emmène en voyage et vous faire découvrir un instrument de musique que j’aurai aimé avoir appris à jouer. J’aime le son, la puissance et toute la palette de style qu’il est possible d’aborder avec cet instrument. Il ne s’agit pas de guitare. Je vous parle aujourd’hui de la trompette. La trompette qui est jouée dans un répertoire loin de celui que l’on peut entendre d’un orchestre classique. Là il s’agit plutôt de vous faire découvrir ou re-découvrir un musicien qui  mélange à la fois les façons de jouer, et surtout qui a la faculté et le génie de collaborer avec des artistes de toutes expressions artistiques, d’ horizons très différents.

La plongée au coeur du rythme et la vivacité sonore prennent tout leur sens.

Dans une même approche expérimentale, là en empruntant les couleurs au groove, à l’électro, des sons du monde. Il déstructure, reconstruit, décompose, recompose les phrases musicales, les notes, ré-arrange, s’approprie d’autres sons.. il est toujours sur le fil. Je suis totalement admirative de sa créativité et de son répertoire. Il joue généralement avec ses musiciens tous excellents (Marcello Giuliani, basse – Arthur Hnatek (batteur, percussions), Benoît Corboz (claviers) et parfois en solo. Il est juste génial car il a ce talent de collaborer avec des artistes de styles et d’horizons très différents. A chaque fois, ça fonctionne et c’est extra. Continuer la lecture

Sous la surface

Sur scène, il est tout seul avec ses claviers analogiques, ses synthés, ses pianos droits, piano à queue, piano inventé pour lui ou plutôt piano qu’il a imaginé et demandé à ce que cela soit créé pour lui.

Au pied de la scène, les yeux fermés, la musique de Nils Frahm vous envahit, vous submerge tellement c’est  prenant, saisissant. Ses compositions pourraient résumer à elles-seules le rythme. Ce rythme est presque indéfinissable tellement il est évident comme celui de la vie. Ses créations sont tel le tempo des gouttes d’eau qui tombent lorsque le ciel pleure, gronde; le tempo d’un cœur qui bat avec ses imprévus tels des dominos qui tombent les uns après les autres, l’alternance des éclats de rire et de leurs échos.

Sa musique est comme la cadence de deux regards qui se croisent et des émotions qui se réfléchissent partout dans l’être.

Chaque concert est une expérience visuelle, sonore, introspective. Ce ne sont pas que les oreilles qui écoutent, c’est vraiment tout le corps qui absorbe, perçoit et entend la musique. Les oreilles sont secondaires, accessoires. Continuer la lecture