Équilibre

« Ocres du soir

le soleil offre à la lune

le ciel en partage. »

 

Chers lecteurs, en pleine fournaise, ici et là, la Terre suffoque. Nous autres cherchons l’ombre et quand bien même nous la trouvons, la fraîcheur est illusoire. 

Ce qui suit est une beauté envoûtante et nous fait oublier un temps l’atmosphère lourde, étouffante. 

La musique peut-elle être rafraîchissante ?

Ce temps de pause estival est bien souvent consacré au repos, aux escapades ailleurs. En cette période particulière, s’évader relève presque du défi.

D’autres voyages sont possibles.  Continuer la lecture

Le temps d’un soupir

« Le Printemps dans ma cabane,

absolument rien

absolument tout. » Issa

 

Chers lecteurs, cela fait un moment que je n’ai rien écrit ici. Cela fait un moment que je souhaite aborder ce qui va suivre. Parfois les idées sont là mais l’écriture et l’inspiration ne sont pas toujours accordées. L’inspiration s’apparente aux feuilles  de thé déposées au fond d’une théière qui exalteront leurs parfums grâce à la combinaison de deux éléments : la température de l’eau associée à la durée de l’infusion.

Nous sommes présentement dans un temps particulier. Il n’y a pas si longtemps encore, nous étions contraints de rester enfermés à domicile, assignés à résidence. Pendant cette période singulière, vous l’avez peut-être entendu, vécu, vu, ressenti ou peut-être pas ou peut-être avez-vous eu l’impression de le saisir.

Au delà du son, au delà de l’instant : à lui seul, il est à la fois un espace, un temps, une durée, un son, un rythme.

Il représente l’absence ou la présence. Il est plein, il est vide. Il est le début, il est la fin. Motus, il devient une promesse. Il est réel ou imaginaire. Il est heureux ou  douloureux, réconfortant ou pesant, apaisant ou dérangeant, perturbant ou bienveillant. Énigmatique. Insaisissable.

Il est cet ordre donné sur un ton abrupt, ferme, dit avec agacement parfois permettant de se faire entendre, se faire respecter, pour faire cesser un chahut, pour réclamer l’attention. Qui n’a pas un jour  entendu cette injonction ? 

Il est là, immuable, entier. Il est bref tel un préambule centralisant toute la concentration des tireurs masqués sur les pistes d’une salle d’armes avant que l’assaut ne soit donné, et que ne teintent le tranchant des lames de sabres, d’ épées ou de fleurets. Il est inodore, il est sonore. Il est rien, il est tout. Il est autant redouté que guetté. Il est pesant, il est bienfaisant. En avez-vous déjà vraiment fait l’expérience ? 

Soudain, un ange passe.

Lors d’autres circonstances, ne dit-on pas de lui qu’il est d’or ?

L’avez-vous déjà vu ? C’est de lui dont je vous parle depuis quelques lignes.

Il est expressif. Il fédère. Il rassemble. D’ailleurs lors des tournages liés à l’élaboration de navets ou de chefs d’œuvre dédiés au 7e art, le réalisateur le réclame, le clame pour séquencer les scènes, pour capter et focaliser l’attention  des équipes de techniciens, de figurants sur ce qui se joue, se dénoue comme si la collection de séquences dépendait de lui seul.  Silence.. on tourne !

En avez-vous fait vraiment l’expérience ? Loin du tintamarre des villes, les citadins  loin du tumulte quotidien le recherche,  en  s’accordant une pause  pensant le trouver à la campagne, le ressentir au bord de la mer, le visualiser à la montagne .

Tendez l’oreille. Vous entendrez moins de bruit. Vous trouverez la tranquillité, le repos, la sérénité. Est-ce vraiment cela ? Non. Bien sûr que non. Ecoutez-mieux, concentrez-vous.  Il y aura toujours le murmure du vent, le frémissement des feuilles des arbres, le clapotis des vagues, le chant des oiseaux, les rires des uns ou les pleurs des autres, le vrombissement d’un moteur d’auto, de moto, de bateau. Même dans la nuit noire à la campagne, le bois des meubles chantera,  en marchant sur la pointe des pieds, le crissement du parquet rompra cette absence de sons que vous pensiez un moment avoir perçue. Dehors, les oiseaux se sont tus. Pourtant, est-ce pour autant silencieux ? A peine perceptible à l’oreille humaine, le battement d’ailes d’un vol furtif d’une chauve-souris viendra contrer votre perception. Il y aura toujours un tintement si faible soit-il. 

"Soudain une ombre passe. Le vent. " Santoka Taneda

« Soudain une ombre passe. Le vent.  » Santoka Taneda

Quel peintre, quel photographe, quel écrivain n’a pas cherché à révéler sa présence ?

S’il était un paysage, lequel serait-il ? Serait-ce un terrain vague ? Serait-ce une étendue glacée sur l’un des pôles ? Serait-ce un désert de sable brûlant ? Serait-ce une mer d’huile, sans houle, sans vent ? Serait-ce le regard porté sur l’horizon à l’aube ou au crépuscule ? 

Fait-il alliance avec l’indifférence ou bien les non-dits ? 

On dit de lui qu’il peut secouer les consciences.

Il est redouté. Il est convoité. Il est précieux. Il est fuit.  Il s’apparente parfois à une gêne, à une  peur. Il peut être glacial. Il peut être heureux, secret même. Interdit. En accord avec soi-même, il est plénitude et permet de révéler la paix intérieure. Il ne fait pas dans l’à peu près  ni la demi-mesure. Il est un, il est rien, il est tout.

Lui, c’est le  Continuer la lecture

L’attente

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Une photographie vaut mille mots.  Tout se joue lors d’une prise de vue.

Plusieurs personnages d’un autre âge presque se côtoient, s’observent. 

Si l’on pouvait faire parler les murs, ils nous raconteraient ce que les oreilles ne peuvent entendre, ce que les yeux ne peuvent voir.

Les teintes ocres comme abasourdies par le soleil de plomb m’ont interpellées.

L’ambiance inerte de l’ensemble est saisissante. La ruelle est déserte. On ne perçoit ni un souffle ni un filet d’air. Le temps semble  figé.

La façade vétuste de la maison, son balcon, sa rambarde rouillée, ses rideaux désuets, les portes avec cette peinture écaillée, l’enduit parti donnent un climat étrange. 

Trois éléments vivants contrastent cette atmosphère vide de ce paysage fantôme.

Ainsi, une note bleue laisse respirer le regard en apercevant le ciel. Les branches de l’arbuste touffu et la plante qui s’est frayée un chemin entre les failles au sol apportent la note végétale.

Enfin, il y a ce chat. Il est seul. Assis. Il se fond dans le décor. Camouflé. Il guette. Il est au premier plan. Il fait partie intégrante du lieu.

L’ocre clair règne en maître. Le pelage de l’animal semble se confondre avec les teintes des murs de la maison lui faisant face. 

Impassible.

 

 

5 août 2011

© Charlotte Mazalérat

 

 

 

 

 

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Charlotte | Bokeh Me Not

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L’espace est silence

L’espace est silence ainsi s’intitule cette superbe exposition consacrée au travail du peintre Zao Wou-Ki.  

Les atmosphères minérale, végétale, aquatique, abyssale se dévoilent aux yeux des visiteurs. Une quarantaine de toiles peintes à l’huile ainsi que des encres de Chine sont exposées et proposent aux visiteurs un voyage hors du commun.  Continuer la lecture

Les couleurs du Quai Voltaire

A peine passé le seuil de la porte, le temps est suspendu. Un monde s’ouvre à vous,  celui des couleurs, des pigments sous toutes leurs formes, apparences et consistances : en pâtes, liquide, en poudre, solide, en copeaux, en carrés, en pots, en godets. Un parfum enivre le lieu. Il est caractéristique, plaisant. Un mélange de fragrances boisées se confond avec celles des huiles et un soupçon de térébenthine. L’ensemble fait penser au parfum singulier de la cire avec laquelle le temps patine les créations. Continuer la lecture

La Maison du Pastel

Un dessin naît à partir d’une idée bien souvent sur une feuille de papier avec un ou plusieurs pigments.

Chers lecteurs, aujourd’hui, au fond d’une cour pavée en retrait de la rue se trouve un lieu unique dans lequel on se sent bien. Il n’est pas très grand mais abrite bien des trésors. A l’intérieur, on est comme un enfant gourmand dans une confiserie artisanale, chargée de secrets, chargée d’histoire.

Ce lieu n’est autre que la Maison du Pastel située au 20, rue Rambuteau à Paris.

Ce n’est pas là que sont fabriqués les bâtonnets, tous plus beaux les uns que les autres. C’est là qu’est le magasin. Des tiroirs de bois, des coffrets déclinent par teinte distincte une profusion de couleurs aux noms évocateurs. La collection compte aujourd’hui 1200 teintes.

Le pastel ? Cette matière est bien connue des artistes-peintres. On peut en distinguer deux sortes. Ceux à base d’huile, j’y reviendrai à un autre moment et ceux à base d’eau. C’est de ceux-là dont il s’agit.

Le pastel sec n’est autre que de la poudre de pigment confectionné en bâtonnets.

L’histoire de cette Maison remonte à 1720 et fait de cette institution la plus ancienne maison de fabrication artisanale de pastels au monde. Les pastels Roché doivent leur nom à Henri Roché, pharmacien-chimiste qui a élaboré une recette de fabrication. Cette recette secrète est transmise de génération en génération. Isabelle Roché, issue de la quatrième génération perpétue le savoir-faire ancestral et applique les mêmes procédés aujourd’hui. Chaque gamme est confectionnée, façonnée à la main.

Certains pigments évoluent dans le temps tenant compte de leurs origines végétales, minérales, des dosages, du temps de séchage. 

Ce lieu est unique. Tout est en bois.

Les teintes sont comme des notes de musique. Elles sont classées par gammes. Chaque teinte est dégradée en neuf nuances, de la plus foncée à la plus claire. L’écart d’un ton est subtil et confère à l’ensemble une harmonie. Ce n’est qu’à un pas de danse de la musique. 

Le pastel sec Roché est fascinant. En effet, avant même de le toucher, de l’utiliser, le regarder simplement est déjà une façon de se l’approprier. C’est un peu le même phénomène lorsque vous entrez chez un maître chocolatier. Tout vous fait envie. Ce n’est pas simple de choisir parmi les assortiments.  Vous pouvez y rester un long moment. 

L’aspect du pastel en lui-même est à la fois doux au touché, poudreux, vivant, éthéré, délicat, solide, léger, pur. Chaque couleur est vivante, vibrante. La luminosité est incroyable. Magique. Chacune couleur est exceptionnelle, unique. Les teintes captent à la fois très bien la lumière et la magnifie lorsque la poudre de pigment épouse, accroche le grain du papier.

Au delà de dessiner, on tient au creux de la paume de la main, des bâtonnets de poésie en poudre qui ne demandent qu’à s’exprimer à voix haute. 

 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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Blanc

De l’autre côté du spectre, à l’inverse voire à l’opposé de la couleur noire dont j’évoque la singularité ici , la couleur blanche s’obtient en superposant la lumière des trois couleurs primaires : Magenta, Cyan et Jaune.

Fixe, clinique, nacré, opalin, cassé, de craie, de neige, de marbre, de plomb, de titane, de zinc, d’argent, de lait, de Rouen, de Meudon, de Troyes. Lunaire, le blanc ou  la teinte blanche est une couleur fascinante autant par sa légèreté que sa plénitude, par sa rigueur que sa douceur.

Il inspire la méfiance, le respect. Il évoque la fragilité, la pureté. Il est élégant à sa manière.

Dans les cultures orientales, asiatique, le blanc prend une autre dimension, et symbolise la tristesse, le deuil.

Il peut être instable, souple, froid, glacial, maladif, chaud, design, incommodant. C’est une teinte exigeante qui n’autorise pas l’approximatif.

En peinture, ce pigment est placé à part sur la palette assez généreusement car souvent les peintres ont toujours peur d’en manquer. Il est souvent utilisé pour atténuer la valeur d’un autre pigment utilisé pur ou pour être mélangé à deux autres et créer ainsi une nouvelle couleur. Il apporte ainsi une transparence, un aplomb. S’il est trop fortement dosé, il étouffe presque la teinte qu’il souhaitait apaiser. Il peut être utiliser pur en quantité généreuse ou infinitésimale, c’est selon. En aquarelle: une seule variété de blanc existe. Il s’agit d’un blanc de Chine. Continuer la lecture

Outrenoir

Il est obtenu grâce au broyage végétal, minéral, organique, de synthèse.

Il est pluriel. Ébène,  de Chine,  de charbon, de seiche, de fumée, de carbone, d’ivoire, de jais. Pourtant de même facture, chaque appellation désigne une nuance. Une nuance dans la façon dont est renvoyée la lumière et par laquelle cette dernière est perçue. Il peut tendre vers des verdâtres voire certains jaunâtres.

Dans la nature, il est pierre de lave, charbon et sa teinte est intense. Chez les végétaux, il se fait plus rare, on le rencontre chez certaines tulipes, certaines roses trémières, certaines iris. Bien que très foncées, elles tendent vers des notes incarnates voire violines. Continuer la lecture

Cyan

D’une exploration abyssale, au détour des ruelles, il invite aux voyages. L’imaginaire prend le relais et d’un coup est aspiré au cœur de motifs irréels.

Selon les envies, il est tour à tour pastel de Guède, acide, électrique ou roi. Il emprunte des allures précieuses du lapis-lazuli, voire à celles du saphir ou de certains topazes. Continuer la lecture