Unisson

Le temps est ample, le temps s’étire, le temps est précieux. Au loin, la dorsale se forme, le front prend de l’ampleur, la lumière s’éteint, le soleil s’efface, la pluie s’intensifie, l’orage gronde, les animaux se cachent. Les éléments se déchaînent. 

À l’image d’un paysage qui se déploie devant vos yeux, à la façon d’un road-movie, une intrigante beauté éblouit vos oreilles.

Les coups de cœur musicaux donnent l’impression qu’il n’y a rien d’autre de plus beau. Il n’en est rien. L’appréciation pour un répertoire ou pour un autre dépend d’une alchimie complexe. Tout est question de fréquences. On est connecté à un moment donné sur une palette d’accords, une amplitude de tonalités. L’écoute attentive précède celle qui est addictive.

Ce trio belge propose une palette d’émotions palpitantes. Leur style mélange à la fois le postrock, le post-hardcore, le post-metal, le shoegaze et sur certaines séquences, le mode de composition si caractéristique du math rock est reconnaissable. Certaines influences selon les morceaux prennent le pas sur les autres.

L’équilibre est présent de bout en bout avec toujours une belle ferveur et une vigueur marquée tant dans le jeu instrumental que celui du chant. On ne s’ennuie pas une minute. L’écoute est exaltante

Au début de certains morceaux, le calme est une apparence impassible. L’intensité croît crescendo et vous prend presque par surprise. Les notes, les mélodies, les tempi se combinent à merveille et la fulgurance éclate. 

N’étant naturellement pas attirée ni par les musiques sombres et noires ni sur les pans taciturnes de la mélancolie;  les paroles des compositions portent une certaine gravité et donnent pourtant au morceau  » What Have We Done » une beauté particulière et une écoute communicative.

La dynamique de jeu jouée et chantée par les Belges est particulièrement complexe et lumineuse. 

Le chant est magnifié par la puissance des percussions, ce qui sur la durée d’un set, d’un album et en live relève de la performance. Jamais la voix de Stéphanie Mannaerts ne vacille. C’est à la fois fascinant et incroyable tant à écouter qu’à voir. Jouer de la batterie aussi intensément tout en chantant avec autant d’émotion est très difficile. C’est vraiment du grand art tant dans le chant lui-même, sur la vitesse de jeu et la maîtrise du souffle. 

D’un bout à l’autre de l’album « Unisson Life« , est chanté et n’est jamais crié. Cela  demande et implique plus de travail. Sur certains morceaux, le chant a plus d’impact que le jeu des percussions. Une forme d’inter-indépendance naturelle s’opère.

Les riffs de la guitare mêlés à la ligne de la basse sont parfois abruptes mais toujours mélodieuses. L’une et l’autre influencent, initient et entretiennent la dynamique vive, ancrée de l’ensemble procurant une osmose intense et franche.

L’impact se fait sentir par paliers. Piste par piste, strophe par strophe, riff par riff, l’énergie monte des profondeurs. C’est une explosion sauvage d’effervescence à la fois entière et réelle toujours maîtrisée de main de maître. Le son de toute cette énergie se libère en permanence.

Les phases instrumentales médianes ont un pouvoir réfléchissant procurant une sensation magnétique, encore et encore et encore.

« Cemetery » quant à lui propose une atmosphère plus noire et plus froide, les notes à la guitare sont lourdes. Le tempo est plus rapide. Le chant quant à lui rebondit avec fureur, avec rage et un petit côté  presque espiègle.

Le morceau « Drive » interprété en configuration minimaliste sans la basse et sans la batterie est particulièrement fort. Le timbre de voix est profondément beau. La vulnérabilité et la force sont palpables. La combinaison des forces intérieures  excellent.

« Unisson Life« , le troisième album de Brutus est un bijou de pur rock taillé dans la masse offrant à tous passionnés de musique un moment intensément génial. À écouter bien fort sinon ça ne compte pas.

Écoute intégrale de l’album  : 

 

Membres du groupe belge Brutus :

Chant/batterie : Stefanie Mannaerts
Guitare : Stijn Vanhoegaerden
Basse : Peter Mulders

Labels : Hassle Records, Sargent House

Site du groupeBrutus

 

 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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