À quoi rêvent les arbres lorsque leurs racines dorment ?

Telle une goutte d’eau posée sur une bulle de savon. Le jour sourit même s’il fait gris même sous la pluie. Le temps est suspendu aux accords. En équilibre, le murmure du vent passe. L’atmosphère presque plaintive donne à ces phrases une ampleur solide. La nuance se distingue à peine.

Le temps n’a pas de prise. Au contraire. L’espace est grand, l’air circule. La fenêtre est grande ouverte. Le son et l’art de la musique se reflètent. On perçoit la musicalité cristalline d’un miroir d’eau.

Écrire c’est comme contempler la nature. Un rien égaye votre curiosité.

Son jeu au piano est éternel. Il s’associe aux grands paysages où seules les cordes frappées se retrouvent au cœur de la forêt. À quoi rêvent les arbres lorsque leurs racines dorment ?

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Unisson

Le temps est ample, le temps s’étire, le temps est précieux. Au loin, la dorsale se forme, le front prend de l’ampleur, la lumière s’éteint, le soleil s’efface, la pluie s’intensifie, l’orage gronde, les animaux se cachent. Les éléments se déchaînent. 

À l’image d’un paysage qui se déploie devant vos yeux, à la façon d’un road-movie, une intrigante beauté éblouit vos oreilles.

Les coups de cœur musicaux donnent l’impression qu’il n’y a rien d’autre de plus beau. Il n’en est rien. L’appréciation pour un répertoire ou pour un autre dépend d’une alchimie complexe. Tout est question de fréquences. On est connecté à un moment donné sur une palette d’accords, une amplitude de tonalités. L’écoute attentive précède celle qui est addictive.

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De l’essence à la quintessence sonore

Comment une âme pourrait-elle résonner ? 
Qu’ils soient à cordes frappées, à cordes frottées, à cordes pincées, ou bien à vent, quel point commun y a-t-il entre une basse, un basson, une cithare, une clarinette, un clavecin, une contrebasse, un didgeridoo, une flûte, une guimbarde, une guitare acoustique, une guitare électrique, une harpe, un hautbois, une mandoline, un piano, un ukulélé, un violon, un violoncelle pour ne citer qu’eux ?

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Silencieusement vient la nuit

Ce qui nous sépare du monde végétal est le temps ou plutôt le tempo.

Le tempo est une valeur. Il est une unité qui désigne à la fois une durée et un mouvement.  Notre pouls est à lui seul un métronome. Impatient. Il active notre vie au rythme des secondes quand les plantes s’accordent sur la durée des jours et des nuits.

Avez-vous déjà entendu une fleur se déployer ? L’avez-vous déjà  vue ouvrir un à un ses pétales délicats ? Comment pouvons-nous percevoir le changement de leur apparence ? Le métabolisme d’une fleur est lent. Chaque modification si infime soit-elle n’est visible qu’en détournant notre regard.  Cet espace-temps nous permet d’apprécier leur évolution.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel est le lien entre la croissance d’une fleur et  l’univers sonore de ce qui va suivre ? 
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Au-dessus d’une mer grise et verte

Tout résonne  autour de vous. Vous comprenez assez vite que vous êtes sur une voie qui ne ressemble à aucune autre. Les parois de la roche brute d’une myriade de teintes se découvrent les unes après les autres, les aspérités et les orgues basaltiques se dessinent. Le tumulte des pigments vous fascine. Votre œil cherche à accrocher une surface familière. En vain.

Le sol brûlant vous chauffe la plante des pieds. Pris dans une course frénétique, la Nature vous souffle de suivre avec elle le tempo.

Vous êtes au cœur de la matière, ancré à la Terre. Une autre dimension vous envahit. Fasciné devant cette beauté sauvage. Ce pourrait être la savane, les gorges vertigineuses au milieu desquelles coulaient autrefois un sillon de lave. La roche érodée, abrasive tout autour vous absorbe complètement.

Les panaches de lave se déchaînent, les scories ponctuent invariablement le flux continue des sons. Tout est vivant. Autour de vous, sans que vous ne sachiez pourquoi,  le vent gronde. 

Vous êtes projeté dans un tout autre monde au dessus d’une mer grise et verte. Soudain, vous voilà hissé au-dessus de la canopée, camouflé dans votre abri sur la cime d’un attrapeur de lumière, un palmier aux grandes feuilles. 

Vous prenez le pouls de la forêt humide, immense, dense qui vous entoure.

Vaillant observateur.

La forêt s’étend à perte de vue.

Quel arbre regarder. Comment se repérer devant autant de disparités et de similitudes ? De quelle essence est cet arbre, et cet autre ? Les sons de la nature, le cliquetis, le flux des sources chaudes vous enveloppent. Au loin, vous sentez monter le parfum des sous-bois.

A pas de velours, une horde d’animaux sauvages, bat en retraite . De votre plateforme d’observation, vous entendez, scrutez, percevez le moindre son. 

Leurs pas lourds, affirmés vous questionnent. Tout résonne. Tout bourdonne. Que se passe-t-il ? D’où ce son si caractéristique peut-il venir ? Serait-ce un essaim d’abeilles qui viendrait prendre possession d’un exquis parfum au cœur des ramures de votre arbre-palmier ?

L’expérience qui suit est sensorielle. Écoutez avec vos yeux. Sentez avec vos oreilles. Vous voyez. Il se rapproche. Qui donc ?

Un territoire expérimental à souhait vous accueille à bras ouverts. Il se peut que vous soyez dérouté. Cela fait un moment que je souhaite vous faire découvrir son univers, hors du commun, tellement il fait sens pour moi.  La quête du rythme se poursuit. La résonance des couleurs progresse entraînant avec elle celles des harmoniques entêtantes, envoûtantes.  

Aujourd’hui, je vous parle de l’univers prolixe d’un saxophoniste basse, celui de Colin Stetson. Il est doté d’une habileté et d’un genre hors  norme défiant la créativité, la technicité. Il compose et interprète des mélodies d’un autre monde qui combinent une maîtrise de la technique de respiration circulaire avec un travail de percussion à valves et des vocalisations à anches, faisant une musique solo polyphonique aux influences variées.

J’adore son style, son répertoire, sa façon de jouer communicative. Je l’écoute depuis quelques années et chaque morceau dévoile une richesse infinie. 

Les premières secondes d’écoute pourront vous paraître perturbantes, disgracieuses, cacophoniques, déconcertantes, dérangeantes, irritantes.

Dès ce cap  passé, vous allez découvrir une palette sonore diversifiée. Laissez-vous bercer, vaciller.

Colin Stetson – In The Clinches

Colin Stetson – Judges

Colin Stetson — High Above A Grey Green Sea

Avec un seul et même instrument, à l’écoute, vous aurez l’impression d’entendre  au moins quatre pistes superposées. Pourtant, il n’y a aucun ajout, aucun recours à des pédales d’effets. C’est en cela que son univers sonore est surprenant, puissant et addictif. Colin Stetson explore et pousse les capacités de l’instrument à ses limites.

Comme les instrumentistes à vent, il utilise la technique de la respiration circulaire qui consiste à produire un son continu, sans interrompre la respiration. Autrement dit, cela revient à inspirer et expirer en même temps. 

Son approche est presque tribale, multi-phonique, multi-rythmique. Incroyable, saisissante. Intense.

Colin Stetson au saxophone barython – Spindrift 

En l’écoutant, on retrouve les signatures si particulières des univers noise, drone, minimaliste, post-rock, dark metal, électronique aussi. Tout  se confond.  C’est hyper brut et c’est hyper beau.

En tant que saxophoniste, sachant ce que cela induit et implique, l’écoute est fascinante.

Il se peut que vous ne ressortiez pas complètement indemne de cette expérience.

L’intériorité de son art enveloppe tout le corps, se répand. Plusieurs formes palpitantes répondent à des échos vibratoires, des tremblements, des gémissements. Ecouter Colin Stetson revient à s’aventurer sur des territoires nouveaux. C’est une connexion à la Nature originelle, brute tel un retour à la terre dans toute sa beauté, sa complexité, sa puissance.

Ecoute intégrale de son album : All This I Do For Glory 

1 – All This I Do For Glory
2 – Like Wolves On The Fold
3 – Between Water And Wind
4 – Spindrift
5 – In The Clinches
6 – The Lure Of The Mine

Colin Stetson s’impose comme un soliste fabuleux. Il est l’un de ces artistes qu’il faut voir et écouter en live pour apprécier l’étendue de son art et comprendre la technicité de la respiration et du souffle.

Chaque morceau semble rappeler comment une âme sonnerait si elle pouvait crier, comment une âme résonnerait si elle nous parlait  musique.

L’écouter en concert est une expérience unique. Ne manquez pas cette chance !

Charlotte | Bokeh Me Not

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Immersion

Aujourd’hui, je vous emmène en voyage et vous faire découvrir un instrument de musique que j’aurai aimé avoir appris à jouer. J’aime le son, la puissance et toute la palette de style qu’il est possible d’aborder avec cet instrument. Il ne s’agit pas de guitare. Je vous parle aujourd’hui de la trompette. La trompette qui est jouée dans un répertoire loin de celui que l’on peut entendre d’un orchestre classique. Là il s’agit plutôt de vous faire découvrir ou re-découvrir un musicien qui  mélange à la fois les façons de jouer, et surtout qui a la faculté et le génie de collaborer avec des artistes de toutes expressions artistiques, d’ horizons très différents.

La plongée au coeur du rythme et la vivacité sonore prennent tout leur sens.

Dans une même approche expérimentale, là en empruntant les couleurs au groove, à l’électro, des sons du monde. Il déstructure, reconstruit, décompose, recompose les phrases musicales, les notes, ré-arrange, s’approprie d’autres sons.. il est toujours sur le fil. Je suis totalement admirative de sa créativité et de son répertoire. Il joue généralement avec ses musiciens tous excellents (Marcello Giuliani, basse – Arthur Hnatek (batteur, percussions), Benoît Corboz (claviers) et parfois en solo. Il est juste génial car il a ce talent de collaborer avec des artistes de styles et d’horizons très différents. A chaque fois, ça fonctionne et c’est extra. Continuer la lecture