Les couleurs du Quai Voltaire

A peine passé le seuil de la porte, le temps est suspendu. Un monde s’ouvre à vous,  celui des couleurs, des pigments sous toutes leurs formes, apparences et consistances : en pâtes, liquide, en poudre, solide, en copeaux, en carrés, en pots, en godets. Un parfum enivre le lieu. Il est caractéristique, plaisant. Un mélange de fragrances boisées se confond avec celles des huiles et un soupçon de térébenthine. L’ensemble fait penser au parfum singulier de la cire avec laquelle le temps patine les créations. Continuer la lecture

Ici commence l’histoire

Il y a bien des choses, des objets que l’on pose, que l’on range, que l’on trie, que l’on empile, que l’on déplace, replace, remplace, retire, ajoute sur les étagères de nos intérieurs. 

Les livres font-ils partie de ces objets ?

L’atmosphère des librairies, des bibliothèques me plaît. Plus jeune, parmi les domaines qui m’intéressaient, le monde de l’édition m’attirait. L’ intérêt pour les livres est resté. J’aime les livres, les carnets, les recueils, les livrets, les écrits en un, en plusieurs volumes, illustrés ou non, le papier qui a été  choisi, la texture des pages (fines, épaisses, glacées, transparentes), la façon dont l’ouvrage a été relié, assemblé, la typographie utilisée. L’aspect de la couverture est important, celui du dos également. Un livre est un objet précieux dont il faut prendre soin. Il est utile. Il sert à faire voyager, rêver, penser, imaginer, découvrir, explorer, transmettre, apprendre.  

Le livre est un support d’une œuvre de l’esprit, et n’est pas un objet comme un autre.

Ici commence l’histoire sur un site dédié aux illustrateurs et dessinateurs. Il était question de Walter Moers, un auteur et illustrateur allemand de bandes dessinées, et de livres fantastiques illustrés. En lisant les commentaires puis les premières lignes de l’ouvrage, j’avais envie, à mon tour de me le procurer d’urgence. 

Je me suis dit, j’irai en librairie et s’il n’est pas en rayon, je le commanderai.

Les événements ne se sont pas tout à fait déroulés aussi facilement. Il faut dire que, ce livre se mérite telle une chasse au trésor. 

Au gré des déambulations parisiennes, chaque fois que j’entrais dans une Nième librairie d’occasion, à la question  : Avez-vous CE livre :… , la réponse était négative. Jusqu’au jour, où je me suis rendue chez Gibert Joseph boulevard Saint-Michel pour tout à fait autre chose. Un vendeur s’adresse à moi et me dit : « Bonjour, pouvons-nous vous aider ? Parmi mes recherches du moment, j’ai pensé à poser cette fameuse question. Et de répondre, Bonjour, oui vous pouvez peut-être.. : Je recherche depuis longtemps  CE livre….. A tout hasard, l’avez-vous ? «  Il consulte le fonds. Et rien. Déçue. Il ajoute, si vous le souhaitez, laissez-nous vos coordonnées, si jamais une personne le remet en vente, vous serez immédiatement prévenue et s’il vous intéresse toujours, il sera pour vous ! Après tout, pourquoi ne pas procéder ainsi. Cela revient à jeter une bouteille à la mer avec un message à l’intérieur. Personnellement, je n’ai jamais essayé. Le message enfermé dans la bouteille de verre, porté par les flots et les courants fini bien par arriver. 

Les semaines passent.

Puis, j’ai décidé de l’emprunter en bibliothèque. L’année dernière, donc, au moment de sa découverte, j’ai consulté le catalogue en ligne des bibliothèques de la ville de Paris, cinq exemplaires étaient répertoriés. Cependant, tous étaient réservés. Un  seul exemplaire était disponible. Alors, je me suis rendue à la bibliothèque du 13e arrondissement, proche de la Place d’Italie, m’apprêtant à entrer, j’ai trouvé portes closes, lumière éteinte. J’ai cru m’être trompée dans les horaires.

Sur la porte : un panneau mentionnait ceci :

«  La bibliothèque est fermée jusqu’à nouvel ordre. Nous avons subi une inondation. »

Décidément !

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La Maison du Pastel

Un dessin naît à partir d’une idée bien souvent sur une feuille de papier avec un ou plusieurs pigments.

Chers lecteurs, aujourd’hui, au fond d’une cour pavée en retrait de la rue se trouve un lieu unique dans lequel on se sent bien. Il n’est pas très grand mais abrite bien des trésors. A l’intérieur, on est comme un enfant gourmand dans une confiserie artisanale, chargée de secrets, chargée d’histoire.

Ce lieu n’est autre que la Maison du Pastel située au 20, rue Rambuteau à Paris.

Ce n’est pas là que sont fabriqués les bâtonnets, tous plus beaux les uns que les autres. C’est là qu’est le magasin. Des tiroirs de bois, des coffrets déclinent par teinte distincte une profusion de couleurs aux noms évocateurs. La collection compte aujourd’hui 1200 teintes.

Le pastel ? Cette matière est bien connue des artistes-peintres. On peut en distinguer deux sortes. Ceux à base d’huile, j’y reviendrai à un autre moment et ceux à base d’eau. C’est de ceux-là dont il s’agit.

Le pastel sec n’est autre que de la poudre de pigment confectionné en bâtonnets.

L’histoire de cette Maison remonte à 1720 et fait de cette institution la plus ancienne maison de fabrication artisanale de pastels au monde. Les pastels Roché doivent leur nom à Henri Roché, pharmacien-chimiste qui a élaboré une recette de fabrication. Cette recette secrète est transmise de génération en génération. Isabelle Roché, issue de la quatrième génération perpétue le savoir-faire ancestral et applique les mêmes procédés aujourd’hui. Chaque gamme est confectionnée, façonnée à la main.

Certains pigments évoluent dans le temps tenant compte de leurs origines végétales, minérales, des dosages, du temps de séchage. 

Ce lieu est unique. Tout est en bois.

Les teintes sont comme des notes de musique. Elles sont classées par gammes. Chaque teinte est dégradée en neuf nuances, de la plus foncée à la plus claire. L’écart d’un ton est subtil et confère à l’ensemble une harmonie. Ce n’est qu’à un pas de danse de la musique. 

Le pastel sec Roché est fascinant. En effet, avant même de le toucher, de l’utiliser, le regarder simplement est déjà une façon de se l’approprier. C’est un peu le même phénomène lorsque vous entrez chez un maître chocolatier. Tout vous fait envie. Ce n’est pas simple de choisir parmi les assortiments.  Vous pouvez y rester un long moment. 

L’aspect du pastel en lui-même est à la fois doux au touché, poudreux, vivant, éthéré, délicat, solide, léger, pur. Chaque couleur est vivante, vibrante. La luminosité est incroyable. Magique. Chacune couleur est exceptionnelle, unique. Les teintes captent à la fois très bien la lumière et la magnifie lorsque la poudre de pigment épouse, accroche le grain du papier.

Au delà de dessiner, on tient au creux de la paume de la main, des bâtonnets de poésie en poudre qui ne demandent qu’à s’exprimer à voix haute. 

 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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Immersion

Aujourd’hui, je vous emmène en voyage et vous faire découvrir un instrument de musique que j’aurai aimé avoir appris à jouer. J’aime le son, la puissance et toute la palette de style qu’il est possible d’aborder avec cet instrument. Il ne s’agit pas de guitare. Je vous parle aujourd’hui de la trompette. La trompette qui est jouée dans un répertoire loin de celui que l’on peut entendre d’un orchestre classique. Là il s’agit plutôt de vous faire découvrir ou re-découvrir un musicien qui  mélange à la fois les façons de jouer, et surtout qui a la faculté et le génie de collaborer avec des artistes de toutes expressions artistiques, d’ horizons très différents.

La plongée au coeur du rythme et la vivacité sonore prennent tout leur sens.

Dans une même approche expérimentale, là en empruntant les couleurs au groove, à l’électro, des sons du monde. Il déstructure, reconstruit, décompose, recompose les phrases musicales, les notes, ré-arrange, s’approprie d’autres sons.. il est toujours sur le fil. Je suis totalement admirative de sa créativité et de son répertoire. Il joue généralement avec ses musiciens tous excellents (Marcello Giuliani, basse – Arthur Hnatek (batteur, percussions), Benoît Corboz (claviers) et parfois en solo. Il est juste génial car il a ce talent de collaborer avec des artistes de styles et d’horizons très différents. A chaque fois, ça fonctionne et c’est extra. Continuer la lecture