She Keeps Bees

Comme souvent, une découverte artistique n’est jamais due au hasard. Cela tient  à peu de chose: un lien partagé, un article lu, une illustration sur une pochette de disque attirent votre oeil et vous voilà plonger de l’autre côté des coulisses avec l’envie d’en découvrir davantage.

La première fois que j’ai entendu leur nom, j’attendais sous une pluie battante pour aller écouter Ólöf Arnalds, une artiste islandaise. Devant moi, des personnes que je ne connaissais pas encore parlaient musique. Parmi les noms cités, un a retenu mon attention…  Que pouvait bien caché cette gardienne d’abeilles dans la traduction française ? 

Je ne savais pas encore à quel point j’allais être touchée par ces artistes.

Les She Keeps Bees sont américains, originaires de Brooklyn, New York. Ils sont deux et forment un duo dans la vie et sur scène avec Jessica Larrabee (chant/guitare) et Andy LaPlant (batterie).

Quelques jours plus tard, à peine, ils passaient à Paris et présentaient quelques uns de leurs morceaux en acoustique dans un lieu grand comme un mouchoir de poche. Il faisait si froid dehors, la nuit était tombée. Engoncée dans un manteau d’hiver, coincée entre l’escalier et les piles de vinyles de la Fabrique des Balades Sonores, le public venu nombreux ce soir là dans cet espace minuscule a pu le temps de cette présentation intimiste découvrir leur personnalité attachante, décontractée et leur talent. C’était il y a quatre ans. A partir de ce moment là, chaque fois qu’ils viennent  à Paris, je fais en sorte de ne pas les manquer. Sur scène, c’est simple, ils sont incroyables.

Leur répertoire est à la croisée du blues, du rock, de la soul et du folk.

C’est elle qui écrit et compose. Son timbre est à la fois doux, ample, élégant. Parfois il vous caresse. Le plus souvent, il vous surprend et toujours vous interpelle. Sa voix participe à la rythmique et vous plonge dans une frénésie magnétique. Comme le miel, vous avez envie d’y revenir. 

Sur scène, le duo est en parfaite symbiose. La rythmique passe par la façon de poser la voix, par la tonalité de la batterie. Leur univers est sombre et profond.

L’ensemble vous heurte autant qu’il vous porte. Les compositions et l’instrumentation sont soignées avec presque un sentiment de dépouillement entêtant des sons. Parfois sur scène ou dans les effets, les notes d’un clavier sont ajoutées. Parfois, ils  introduisent le son feutré des cuivres.

Certaines séquences sont explosives.

Depuis leur 4e album, Eight Houses sorti en 2014, ce duo n’a pas fini de faire parler de lui.

Envoûtant, intemporel et puissant, leur répertoire revient à l’essence même du rock et de la soul.

Le  formidable « Greasy Grass » vous précipite presque dans une ambiance tribale, chamanique qui exacerbe vos sens, notre relation à la matière brute. L’ensemble est intense, sensuel presque, oscillant entre feu et braise, à fleur de peau. Ce titre  pourrait résumer à lui seul toute la dimension de leur talent. Captivant. 

Charlotte | Bokeh Me Not

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