Ivresses de brume

La nature est une source inspirante pour toutes âmes créatives.  Les éléments modulent l’apparence des paysages. Ce sont des tableaux vivants. J’ai un intérêt particulier et certain pour tout ce qui concerne le Japon et la façon avec laquelle les artistes japonais dessinent, peignent les éléments naturels. L’un d’eux ne prend pas seulement vie sur les rouleaux de papiers washi.

En effet, chers lecteurs, il y a déjà quelques temps, ce soir là lors de la Nuit Blanche, à Paris régnait dans ce lieu bondé une atmosphère très particulière. A moins d’un mètre, il était impossible de distinguer nettement les personnes autour de soi. La voix à peine nous aidait à nous orienter. Nous étions en plein brouillard. Ce dernier était épais, opaque, dense. Cette ambiance surnaturelle est tout simplement une signature visuelle, une performance créée par l’artiste japonaise : Fujiko Nakaya.

Elle pratique un art singulier, à part. Elle excelle en sculpture de brouillard grâce à des brumisateurs d’eau, pulvérisant des gouttelettes microscopiques en recouvrant l’espace environnant recréant ainsi ce phénomène naturel réduisant la visibilité en surface. L’eau ne lui sert pas de liant mais de matière première comme si les gouttes d’eau à elles seules devenaient pigment. 

La dimension donnée est paisible, volatile, changeante. Selon les conditions météorologiques, le nombre de personnes qui déambulent, les formes aperçues sont infinies. Selon les sources lumineuses, les silhouettes se métamorphosent comme si devant les yeux, nous assistions à une procession de fantômes bienveillants.  A regarder, à vivre, c’est doux et poétique. C’est comme si l’éphémère s’étirait naturellement. 

 

Ivresses de brume ©Charlotte Mazalérat

Place de la République à Paris, le 5 octobre 2013 


 

Plus récemment, dans un autre lieu, j’avais vu et expérimenté ce brouillard doux et magique : à Chaumont-sur-Loire. Une installation de l’artiste japonaise reproduisait l’effet du brouillard à l’occasion du Festival des Jardins l’année dernière.

L’effet était d’autant plus beau que ce jour là, il tombait des cordes. Les jardins étaient sous la pluie. Combiner la pluie naturelle avec des brumisateurs de gouttes d’eau  procure un effet contemplatif, étonnant.

Charlotte | Bokeh Me Not

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