Équilibre

« Ocres du soir

le soleil offre à la lune

le ciel en partage. »

 

Chers lecteurs, en pleine fournaise, ici et là, la Terre suffoque. Nous autres cherchons l’ombre et quand bien même nous la trouvons, la fraîcheur est illusoire. 

Ce qui suit est une beauté envoûtante et nous fait oublier un temps l’atmosphère lourde, étouffante. 

La musique peut-elle être rafraîchissante ?

Ce temps de pause estival est bien souvent consacré au repos, aux escapades ailleurs. En cette période particulière, s’évader relève presque du défi.

D’autres voyages sont possibles. 

Vous êtes aux confins du monde, à une ou deux lieues sous la surface ou tout simplement devant la beauté des steppes du grand nord.

Immensité.

La beauté des fonds s’ouvre à vous.

Le voyage est autant intérieur, qu’introspectif. 

Ivresse. 

 

Son univers fait penser au phrasé si caractéristique du trompettiste Erik Truffaz dont j’aborde l’univers ici. Dans une même dimension, il n’est pas sans rappeler le fabuleux morceau  « Beirut » d’Ibrahim Maalouf. Le voyage est presque celui vécu en regardant un road-movie. On retrouve certains codes de la musique classique ainsi que ceux du jazz.

Les notes profondes, mélodieuses,  rondes, sensuelles s’inspirent du répertoire klezmer, oriental jouées de façon plus lente. La tenue  de la respiration est plus longue. Le musicien explore toutes les possibilités techniques du souffle aux limites de ce que ses instruments peuvent lui proposer. Les sons créés procurent à la fois une sensation apaisante, posée,  presque extravagante, magnétique, de velours.

L’effet est assurément hypnotique.

Infini.

 

 

Vous êtes cet équilibriste sur une liane entre plusieurs mondes, entre plusieurs réalités minérales: réelle, rêvée, imaginaire,  en transit, en partance. Ancrés dans l’instant. Les sons sont amples, riches, fluides, cristallins, atmosphériques. Vous ne vacillez pas. Vous êtes bien. Tout est évident. 

Laissez-vous bercer. 

Entre deux eaux, deux mers, deux sommeils et pourtant si éveillés, si émerveillés, la tranquillité organique vous captive. 

Si la poésie était une musique, ce pourrait être celle-ci. De temps à autre, on perçoit les murmures d’une baleine remontant des profondeurs. Ainsi on passe des gémissements rugueux graves aux teintes aériennes aiguës.

Le tubiste et trompettiste basse norvégien a cette faculté de révéler la magie des itinérances. Son univers sonore me fascine.  Alors qu’il s’était entouré d’autres musiciens pour ses albums précédents, là, il agit seul. 

Il permet aux instants éphémères de ne jamais s’arrêter. L’instant présent se renouvelle indéfiniment révélant chaque fois, une  nouvelle beauté.

 

Il magnifie la tranquillité. Ses compositions sont une ode à la nature organique, sauvage de sa terre natale, la Norvège. En fermant les yeux, on sent danser les aurores boréales. 

Tout en cheminant, ce sont d’autres endroits auxquels vous pensez : les ruelles étroites avec les murs aux couleurs chaudes, les jardins secrets, encore ombragés dans la lumière  de l’aube.

Vous déambulez ainsi dans les allées, chaque pas occasionne une découverte.

L’écouter me fait penser aux rêveries au détour des passages merveilleux des Jardins de l’ Alcazar à Séville.

Sur le fil, on distingue à peine la différence entre les sonorités émises du tuba et de la trompette basse. Quand le premier assure la rythmique, la seconde joue avec les harmoniques.

Avons-nous vraiment besoin de les distinguer ? 

La seule chose que vous avez à faire est de vous laisser porter, vous laissez prendre et appréciez.

Chaque composition est un trésor, un bijou dans un écrin.

Les influences sont plurielles portant sur un jazz aérien, mélodieux, harmonique, suave, vibrant, vivant. 

C’est doux comme un flocon de neige qui se poserait sur une bulle de savon.

C’est à la fois délicat et élégant, puissant et captivant.

Sublime.

 

« Call for the Winter » est son 7e album sorti en juin 2020, composé et interprété par Daniel Herskedal.  A écouter dans son intégralité ici en bas de la page, la playlist est accessible :

  Album – Call for the winter

 

 

 

 

 

 

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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