Envolée inattendue

Son jeu se retrouve plus largement dans les répertoires du blues jusqu’aux différents territoires du jazz en passant par la musique expérimentale, la musique contemporaine, l’ambient, le trip-hop. Il n’est pas rare qu’un saxophone rejoigne le temps d’un concert une formation expérimentale, voire postrock; ce dernier apportant un accent, une nuance, une extravagance.

Pourquoi vouloir à tout prix catégoriser un instrument de musique à un genre ou à un répertoire musical en particulier ?

Cela reviendrait à poser une étiquette sur l’apparence, l’allure, l’attitude d’une personne comme l’inconscient collectif a bien souvent tendance à le faire sans  chercher plus loin, ce que révèle un être dans toute sa personnalité. 

Dans cette famille des bois : du  saxophone sopranino au soprano puis de l’alto au ténor, en passant par le baryton puis aux saxophones basse et contrebasse, la brillance du son est équivoque. Les sonorités profondes, mates, centrées, lisses exhalent leurs matières.  Peu de pièces ont été écrites spécifiquement pour lui.  Le saxophone alto sonnant en Fa dièse aigu a pour moi une place à part. Sa sonorité est à la fois ample et ronde, homogène même quand il sonne à l’octave. Sa sonorité s’approche le plus de la tessiture de la voix humaine et invite autant à l’évasion, à l’exploration qu’à l’introspection. Tenir la note et jouer avec son écho est à la fois amusant, grisant et puissant.

Aussi curieux que cela puisse paraître, il est nettement moins présent dans la musique classique. Le saxophone s’apparente encore parfois à un ovni. Ce n’est pas incompatible. Certains saxophonistes d’ailleurs se démarquent en revendiquant à leur manière toute l’amplitude sonore qu’apporte cet instrument à vent dans le répertoire dit « classique ». Ils doivent transcrire des œuvres baroques ou classiques pour leur instrument puisqu’elles n’ont pas été pensées pour lui.

J’abordai déjà l’univers de la saxophoniste australienne dans un précédent billet, ici. Amy Dickson se plaît à jouer du saxophone soprano ou alto avec la même aisance que celle d’un clarinettiste alors que les deux instruments n’ont en soi strictement rien à voir.

Avec une autre personnalité et une autre présence, la saxophoniste ukrainienne, Asya Fateyeva milite pour que le saxophone rayonne dans les orchestres et les formations classiques. Pour les germanophones, on comprend facilement ses arguments et l’écouter jouer est de toute beauté.

Asya Fateyeva à écouter à partir de 01:24 

Si j’apprécie les instruments joués ensemble, ou bien accompagnés dans le cadre d’un duo, j’apprécie les écouter jouer en solo sans accompagnement. Apprécier toute la gamme chromatique peu importe le style de jeu est particulièrement vrai pour le saxophone alto. Le son chaud, suave, brut est un enchantement.

Écouter le saxophoniste classique japonais Nobuya Sugawa interprété seul un récital de Jean-Sébastien Bach à l’alto puis au soprano est un moment unique et fait tomber tous les préjugés. 

 

Récital de J-S Back par Nobuya Sugawa, à partir de 0:22 :

 

Charlotte | Bokeh Me Not

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